[Théâtre] : « Tout le monde ne peut pas être orphelin »
Un spectacle étonnant et détonnant qui repousse les limites!
Ce samedi 8 janvier, les élèves de premières et de terminales de l’option théâtre se sont rendus au Théâtre Romain Roland de Villejuif pour assister à « tout le monde ne peut pas être orphelin » de la compagnie les Chiens de Navarre, mis en scène par Jean-Christophe Meurisse.
« Il n’y a rien à comprendre, on part d’un repas pour arriver à des scènes . C’est ce qui fait le charme » Andreï, Terminale
« Je suis content d’avoir revu cette pièce. Je me suis beaucoup amusé » Simon, Terminale
« Les Chiens de Navarre », une troupe artistique d’une trentaine de comédiens, qui ont pour but de sortir d’un théâtre jugé «trop classique». Leurs principales caractéristiques sont l’humour, utilisé de manière constante , le réalisme c’est à dire la proximité avec le public, le fait que les personnages aient leur vrai prénom, l’audace… Ils utilisent le rire pour aborder des sujets jugés « tabous» au théâtre, comme la nudité ou la violence.
Dans cette pièce, les comédiens sont en jeu du début à la fin. En effet, dès notre entrée dans la salle les comédiens étaient déjà sur scène à vue du public. Ils se prenaient en photo, riaient, buvaient… Une forte musique de fond accompagnait leurs actions. Cette pièce n’a pas de réel point de départ ou d’intrigue, il s’agit simplement d’un repas de Noël en famille où il y a rires, larmes, cris… C’est une évocation familiale que nous sommes tous susceptibles de rencontrer. Et c’est présenté de manière à susciter le rire chez le spectateur.
Le maître mot de ce spectacle est l’improvisation. Nous avons eu la chance d’interviewer Hector Manuel, comédien de la pièce sur son ressenti concernant la pièce.
« L’improvisation est au coeur de la façon de travailler depuis le début pour créer du vrai, casser un peu la théâtralité que peut amener l’écriture ( c’est aussi pour ça qu’on a des micros, pour plus de proximité avec le public). Il faut néanmoins un canevas précis pour avoir des rendez-vous, créer des images et coordonner le travail des acteurs et celui des techniciens mais il reste une grande part de liberté. »
On lui a demandé son avis sur la nudité qui est présente au coeur du spectacle.
« C’est un spectacle populaire et comique et la plupart des spectateurs savent ce qu’ils vont voir, à savoir une comédie. La nudité est là pour provoquer et pour faire rire car elle est ludique, fait partie de la narration et génère du comique. Il n’y a pas de gêne pour ma part et c’est important pour qu’elle ne gêne pas les spectateurs. »
Nous avons également donné la parole à V. Heller, professeure de Lettres, qui nous accompagne au long de l’option, afin de recueillir son ressenti concernant la représentation et son avis sur le choix de la pièce :
-Avez – vous eu des hésitations concernant le choix de la pièce, concernant des choses qui peuvent (choquer) comme la nudité ou autre ?
V.Heller : Le théâtre, en faire ou en voir, c’est toujours une prise de risque, et celle-ci était un exemple parfait ! C’est une chance que le théâtre Romain Rolland ait pu nous proposer de voir ce spectacle, certes osé, mais très drôle selon moi. La scène du « suicide » m’a vraiment fait rire, car j’avais l’impression d’être dans un cartoon ! Les gags s’enchainent avec une rapidité d’exécution incroyablement maîtrisée.
– Quel est votre avis général concernant la pièce ?
V.Heller : J’ai trouvé la mise en scène endiablée et efficace : elle déconstruit les codes et déstabilise les spectateurs en permanence. Le jeu des acteurs est très physique, et ils relèvent les paris de mise en scène avec fougue.
-Pourquoi avoir fait ce choix de spectacle ?
V.Heller: C’est la notoriété de la troupe qui m’a fait choisir cette pièce pour mes élèves de première et de terminale, même si les scènes débridées peuvent heurter certains élèves plus sensibles et moins prêts à être dérangés que d’autres spectateurs plus matures.
« J’ai beaucoup aimé cette pièce, c’est vrai que voir des comédiens nus à quelques mètres de nous peut être perturbant. Les comédiens sont géniaux, je n’ai fait que rire. Cette pièce est très osée et déstabilisante. Mais quel plaisir de voir un tel théâtre » Théo, Terminale
Concernant la scénographie, il y a un grand travail notamment sur les décors qui sont tous modulables. Ils représentent une salle à manger de fête avec un salon et une petite cuisine. La présence des lumières intensifie les émotions et la surprise. Lors des changements de décors, les techniciens sont apparents : cela fait comme une petite chorégraphie. Ce qui en fait des personnages à part entière. Il n’y a pas de quatrième mur, les spectateurs sont pleinement intégrés dans le spectacle. Il y a des interactions orales et physiques entre public et comédiens.
Ce spectacle a fait l’unanimité. Amusant, provocant, drôle… autant de mots pour décrire ce chef d’oeuvre hors du commun. C’est un registre théâtral burlesque que nous n’avons pas l’habitude de voir et qui peut surprendre. Mais cela aide à nous ouvrir culturellement et développer un sens critique.
Léa K-A
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